En guise de présentation


Les Editions Inedits ont pour vocation l'inventaire des ouvrages qui n'existent pas, mais qui pourtant ont ou ont eu une influence sur la littérature. Le "Nécronomicon" bien connu des lecteurs de Lovecraft en est un exemple. "Le roi en jaune" en est un autre, Kilgore Trout est un auteur parfaitement inédiste, et ces pages leur rendent hommage tant que faire se peut....
Par ailleurs, plutôt que se perdre dans les méandres de la virtualité, nous vous proposons ici de découvrir notre activité concrète (littéraire et théâtrale).

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mardi 30 décembre 2008

Oscar Wilde a-t-il écrit "Le roi en jaune" ?(3eme)

3) Autopsie du « Roi en jaune »

Observons les quelques passages du Roi en jaune où Chambers opère ces opérations de coagulation : 

a) Les extraits à proprement parler du « Roi en jaune ».

La nouvelle « Le masque » nous propose un extrait en exergue, ainsi qu’une petite citation faite par le narrateur. 
CAMILLA : Vous devriez vous démasquer, Monsieur. L’ETRANGER : Vraiment ? CAMILLA : Vraiment, il est bien temps. Nous avons tous ôté nos déguisement, sauf vous. L’ETRANGER : Je ne porte pas de masque. CAMILLA : (Terrifiée, aux côtés de Cassilda) : Pas de masque ? Pas de masque ! (LE ROI EN JAUNE : Acte I scène 2d). (Exergue à la nouvelle Le masque). 
« Je pensais, aussi, au Roi en Jaune drapé dans les couleurs fantastiques de son manteau déguenillé, et aux pleurs amers de Cassilda, « Pas sur nous, oh Roi, pas sur nous ! ».(Le masque– traduction originale) 

Que pouvons-nous déjà établir ? Que « Le roi en Jaune » voit au moins deux scènes dans son premier acte, que cette deuxième scène est divisée en quatre parties (2d), que trois des protagonistes se nomment respectivement Camilla, Cassilda et l’étranger, qu’il est question de déguisement, certainement même d’un bal costumé - où la tradition veut qu’on fasse tomber les masques à la fin, que l’Etranger par la nature même de son visage que l’on prendrait pour un masque éveille la terreur lorsque révélation est faite de sa véritable nature, et qu’enfin le fameux Roi en Jaune porte un vêtement déguenillé, et qu’il menace Cassilda et les siens de quelque chose qui doit leur incomber. Une vague trame semble se former, mais nous n’avons toutefois encore rien là qui nous rattache à Bierce.

Un second extrait, en exergue à la nouvelle « Le signe jaune », est lui directement lié à Bierce. 

Sur la grève se brisent les vagues de nuages, Les soleils jumeaux sombrent derrière le lac, Les ombres s’étirent Dans Carcosa. Etrange est la nuit où de sombres étoiles se lèvent, Où d’étranges lunes tournoient dans les cieux, Mais plus étrange encore est Carcosa la Perdue. Les chants que les Hyades entonneront Où flottent les guenilles du Roi Doivent mourir sans être entendus Dans Carcosa l’Obscure. Chant de mon âme, ma voix est morte, Périt pourtant, étouffée, comme des larmes retenues S’assèchent et meurent dans Carcosa la Perdue. 
Chant de Cassilda ; Le Roi en Jaune. Acte 1 scène 2. (Exergue au Signe jaune

Carcosa, le nom est lâché, sublimé même en comparaison avec l’utilisation énigmatique qu’en fit Bierce son découvreur. Carcosa perdue et obscure (« Lost Carcosa », « Dim Carcosa »), près d’un lac sinistre sur un monde aux Soleils jumeaux, aux sombres étoiles, aux lunes étranges. Un monde où pourrait résonner le chant des Hyades, constellation dans la région galactique d’Aldébaran, qui nous lie là encore à Bierce. Et pour finir, les guenilles – assurément jaunes- du Roi y flottent. C’est de chant funèbre qu’il s’agit, et Cassilda semble bien en proie à une morbide inspiration dans cette scène deux – encore- de l’Acte I du Roi en Jaune. C’est ainsi par le biais de Carcosa et des Hyades que Chambers poursuit le « mythe avorté » de Bierce. Mais il n’en dira pas plus, ne citera pas d’avantage de mots de cette pièce. Car son travail de marchand d’effroi, Chambers le fera en laissant le lecteur observer non pas la pièce, mais ses effets dévastateurs sur ceux qui ont osé la lire. C’est d’une mise en abyme qu’il s’agit. Nous lisons « Le roi en jaune » de Chambers tout juste pour entre-apercevoir la véritable nature d’un texte intitulé « Le roi en jaune ». Et comme autant d’avertissements, les récits déclinent ce thème, du prosaïque au grotesque.

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